Les grades en aïkidô
Dans les arts martiaux extrême-
Obtenir un grade kyu ou un grade dan, ce n’est pas tant avoir réussi une épreuve technique qu’avoir tout simplement été en mesure d’accéder à un niveau supérieur de pratique, niveau à partir duquel tout reste encore à construire. En effet, tout grade passé avec succès est à confirmer par l’étude sans relâche des principes de l’art martial pratiqué et par la recherche d’un perfectionnement continu, Il n’y a jamais d arrivée ni d’aboutissement mais toujours de nouveaux départs, de nouveaux élans. De ce fait le pratiquant d’un art martial traditionnel, en particulier l’aïkidôka (ou aikishugyosha), doit sans cesse avoir à l’esprit que le palier qui vient d’être atteint est loin d’être maîtrisé et qu’il lui faudra encore faire ses preuves en avançant dans le nouvel espace de pratique qui s’ouvre devant lui une fois le grade préparé obtenu. L’assiduité aux cours, la participation aux différentes sortes de stages qui lui sont proposes, la recherche incessante du perfectionnement, une réflexion personnelle sur l’Aïkidô, la transmission de ses propres connaissances aux pratiquants moins avances, tout ceci doit concourir à ce que le pratiquant soit et demeure en mesure de progresser sans relâche.
Un grade, quel qu’il soit, n’est jamais acquis pour toujours, quand bien même il est décerné une fois pour toutes, et les progrès effectués sur le plan technique comme sur le plan personnel peuvent très bien cesser le niveau atteint régresser. Si passer des grades successifs (shodan, nidan, sandan, yondan, etc.) correspond bien à monter des marches -
C’est pourquoi il est utile d’être en mesure de se juger soi-
C’est en ce sens que, contrairement à ce que pensent bien des débutants (mukyu) dans la pratique, l’obtention de la ceinture noire (niveau shodan) n‘est pas un aboutissement mais correspond bel et bien a un véritable commencement (sho) de l’étude de l’art martial et du dô. Tout le travail qui précède ce moment ne constitue en effet qu’un nécessaire dégrossissage du corps et de l’esprit en vue d’entreprendre par la suite un polissage (remma) sans fin de soi-
Le Shihan lui-
‘’Quand le Maître montre la lune, l’imbécile regarde le doigt du Maître’’ affirme un dicton oriental bien connu. Il ne faut donc pas s’attacher à l’apparence des choses (le grade arbore, la reconnaissance publique recherchée), à ce qui n’est qu’illusoire et vain, mais bien oeuvrer avec coeur (kokoro) en fonction du but qui est montré à travers telle ou telle direction de travail ou d’étude proposée opportunément par TAMURA Sensei. Ces axes de recherche sont diffusés ensuite à l’occasion des différents stages par les CEN. et les CER aux enseignants des clubs afin que ces derniers puissent dispenser un enseignement de qualité aux pratiquants de base. C’est avant tout cela, cette structure pyramidale, qui donne du sens à l’Aïkidô que nous pratiquons au sein de notre fédération.
Au Japon, l’obtention d’un grade, quel que soit la discipline pratiquée, martiale ou non, est fonction d’un faisceau de critères qui forment un ensemble cohérent. Non seulement les connaissances techniques acquises (le degré d’expertise) sont prises en compte dans la délivrance d’un grade dan, mais aussi ce qui ce qui constitue la personnalité même du pratiquant concerné (les fruits de son expérience, ses accomplissements personnels), et enfin tout ce que ce dernier est en mesure de consacrer en retour à son art (prises d’initiatives et de responsabilités, dévouement...). Il est ainsi possible se voir décerner un 5ème dan de jeu de Go, un 6ème dan de Shiatsu, un 4ème dan Ikebana, etc., au même titre qu’un 6ème dan d’Aïkidô, qu’un 5ème dan de laido ou qu’un 3ème dan de Kyudo.
Quoi qu’il en soit, le grade obtenu ne reflète jamais qu’une part du niveau technique, de la personnalité et de l’engagement de celui qui le détient, tout être humain étant par nature bien trop complexe pour pouvoir être réduit au seul niveau qu’il a atteint à un moment donne de sa pratique personnelle.
Pierre Magadur (SESERAGI janvier 2003)
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‘’équivalences’’ DAN / anciens grades:
Shōgō est le nom du système de titres mis en place par la Dai Nippon Butoku Kai, créée en 1895 à Kyoto. Ces titres ‘’samourai’’, ‘’honorables’’, ou de ‘’maîtrise’’, sont un complément de graduation dans les arts martiaux traditionnels. Ils ne pouvaient normalement être délivrés que par l'empereur du Japon ou des membres habilités de sa famille.
Dans l'esprit des pratiquants d'arts martiaux japonais, ces titres prévalent toujours sur les grades modernes appelés ‘’dan’’.
Sans entrer dans le système Shōgō, les ceintures noires 2ème et 3ème dans sont considérées comme des DESHI (disciples).
1er, 2ème, 3ème DAN : DESHI 弟子 (disciple)
4ème, 5ème DAN : RENSHI 錬士 ( maîtrise extérieure)
6ème, 7ème DAN : KYOSHI 教士 (maîtrise intérieure)
8ème, 9ème DAN : HANSHI 範士 (maîtrises extérieures et intérieures unifiées -
10ème DAN : MEIJIN 名人 (grand Maître)
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1) SENS ET NIVEAU DES DAN 1 à 8
Considérations générales sur les perspectives techniques morales, spirituelles, de l’Aïkidô:
SHODAN
SHO est le début, ce qui commence.
Le corps commence enfin à répondre aux commandements et à reproduire les formes techniques. On commence à saisir une certaine idée de ce qu’est l’Aîkidô. Il faut alors s’efforcer de pratiquer ou de démontrer; lentement si nécessaire, mais en s’attachant à la précision et à l’exactitude.
NIDAN
Au travail du 1er Dan on ajoute rapidité et puissance en même temps que l’on démontre une plus grande détermination mentale.
Cela s’exprime chez le pratiquant par la sensation d’avoir progressé. Le jury doit ressentir ce progrès en constatant une clarté de la mise en forme et de l’orientation du travail.
SANDAN
C’est le début de la compréhension du kokyu ryoku. L ‘entrée dans la dimension spirituelle de l’Aikidô. La finesse, la précision et l’efficacité technique commencent à se manifester Il devient alors possible de transmettre ces qualités.
YONDAN
A ce niveau techniquement avancé, on commence à entrevoir les principes qui régissent les techniques. Il devient possible de conduire plus précisément les pratiquants sur la voie tracée par le fondateur
GODAN
L‘art respecte les principes et l’esprit, commençant à se dégager de la forme, ne reste plus prisonnier de l’aspect extérieur de la technique. De nouvelles solutions techniques apparaissent en fonction des situations.
ROKUDAN
La technique est brillante, le mouvement est fluide et puissant. Il doit s’imposer comme une évidence à celui qui regarde. La puissance et la disponibilité physique comme la limpidité du mental s’unissent sans ambiguïté dans le mouvement et s’expriment aussi dans la vie quotidienne.
NANADAN
L’Être se débarrasse de ses obscurcissement et apparaît sous sa vraie nature; il manifeste son vrai soi. Libre de tout attachement il éprouve la joie de vivre ici et maintenant.
HACHIDAN
Au-
Sans entrave il est libre, libre dans sa liberté. O Senseï disait ‘’En face de l’ennemi il suffit que je me tienne debout sans rien de plus ’’ . Sa vision englobe et harmonise la totalité.
Mais rien ne s‘arrête là. Même l’eau la plus pure peut pourrir dans une mare; il ne faut jamais oublier l’esprit du débutant accomplissant son premier pas.
2) NOTIONS ET QUALITÉS FONDAMENTALES A PARFAIRE AU COURS DE LA PRATIQUE:
SHISEI (posture)
KAMAE (garde)
KIRYOKU (puissance vitale)
SEISHIN JOTAI (état mental)
METSUKE (regard -
MA Al (espace -
ARUKIKATA (marche)
TAI SABAKI (déplacement/placement)
KOKYU (respiration)
KOKYU RYOKU (coordination de la puissance physique et du rythme respiratoire)
SOKUDO (rapidité)
KO RYOKU (efficacité)
REIGISAHO (Etiquette)
NICHIJO NO TAIDO (attitude dans la vie quotidienne)
KOKORO NO MOCHI KATA (contrôle des émotions coeur)
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