La GENESE de l'AÏKIDO
En 1883, la petite ville de Tanabe, près d'Osaka dans la préfecture de Wakayama, était dominée par le château d'un Daïmyo du clan KII, successeur des représentants du dernier Shogun TOKUGAWA Yoshinobu. Le grand père de O'Sensei, Kichiemon, était un expert de AÏOÏRYU. Il enseigna les techniques de cette école à son fils Yoroku, animateur à la coopérative agricole du canton. Morihei UESHIBA fut élevé dans cette ambiance à la fois agricole et martiale. Dès son plus jeune âge, il apprit le maniement du sabre sous la direction de son père.
ANTECEDENTS ET CONTEXTE HISTORIQUE
Le Moyen-
Le XIIème siècle fut, au Japon, une période de troubles intenses qui voit s'affronter pour le pouvoir suprême deux familles princières: les TAIRA (Heïke), et les MINAMOTO (Genji). La victoire des seconds amène Minamoto no Yoritomo à créer un gouvernement militaire, le BAKUFU, qu'il installe au coeur de ses possessions territoriales à Kamakura (1191).
Ce siècle est également à l'origine de l'importation au Japon de nouvelles idées philosophiques: le Néo-
Avènement des Tokugawa et le néo-
L'avènement de TOKUGAWA Ieyasu au Shoguna en 1603 et le transfert du Bakufu à Edo (actuelle Tokyo), amène une période de paix relative. Les samouraïs ont le temps de se cultiver tout en poursuivant leur entraînement martial.
L'époque de Edo voit se développer le néo-
A la fin du XVIIème siècle furent édités au Japon de nombreux ouvrages classiques chinois qui traitaient du néo-
En 1868, c'est la restauration du pouvoir impérial entraînant la dissolution des clans (1871), et l'interdiction du port du sabre (1876). Les samouraïs sont obligés de se reclasser ; beaucoup se suicideront par seppuku, suivant ainsi les préceptes du Bushidô: la fidélité envers le seigneur et le giri, devoir liant maître et subordonnés. Les arts de guerre n'ont plus leur raison d'être. La composante néo-
C'est à cette époque qu'est né UESHIBA Morihei. Son destin extraordinaire réside dans le fait qu'en quelques quatre-
INFLUENCE DU ZEN
Le ZEN fut introduit au Japon dans la seconde moitié du XVIIème siècle. Le développement du Zen correspond à l'avènement des samouraïs lors de l'installation du Bakufu à Kamakura. On peut dire que le Zen est un syncrétisme du Bouddhisme et du Taoisme. Son austérité et sa discipline spartiate étaient faites pour séduire les samouraïs. Au XVIIème siècle, parrallèlement au Néo-
Un moine Zen domina le monde du bujutsu dans les premières années 1600, tant par sa personnalité que par sa puissance de pensée, son esprit et sa sagesse: c'est TAKUAN (1573-
Une seule phrase peut condenser la philosophie de Takuan: "Ne tenir la pensée nulle part".
Appliquée à l'art du sabre, Takuan commente cette phrase de la façon suivante:
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Pour illustrer ses explications, Takuan utilisait des images très significatives:
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En résumé, l'enseignement de Takuan est une méditation qui libère le mental de toute attache. Il met également l'accent sur l'opposition existant entre la fixation de la pensée et l'état de vacuité requis pour une action efficace.
LES ECOLES D'ARTS MARTIAUX FREQUENTEES PAR O'SENSEI
En 1902, UESHIBA Morihei part pour Tokyo. C'est le début d'un long chemin qui va le mener auprès des plus grands Maîtres de l'époque. Le premier d'entre eux est TOZAWA Tokusaburo, le Maître de KITO RYU.
KITO RYU:
KITO RYU est une école de ju-
GOTO-
En 1903 UESHIBA Morihei commence l'étude du kenjutsu et du bujutsu sous la direction de NAKAÏ Masakatsu, le Maître de GOTO-
TAKEDA DAITO RYU:
En 1911, UESHIBA Morihei et TAKEDA Sokaku se trouvent à Hokkaïdo, l'un comme colon, l'autre comme instructeur des forces de police.
Dès leur première rencontre TAKEDA Sokaku (1860-
DAÏTO RYU comprend des techniques de kenjutsu, de sojutsu (lance), kyu-
L'OMOTOKYO:
En 1920, cela fait dix ans que UESHIBA Morihei connaît TAKEDA Sokaku et il a vécu cinq ans à ses côtés dans le dôjô qu'il lui a construit à Shirataki. Il a obtenu le menkyo de GOTO-
On peut considérer qu'à cette époque, à l'âge de trente sept ans, UESHIBA Morihei est très certainement au maximum de sa forme physique et de son niveau purement technique. Il ne mesure que 1,57 m, et pèse 80 kg. On le décrit comme étant capable de déraciner un pin de 15 cm de diamètre et de rouler des pierres que dix hommes ne pouvaient bouger.
Il reste cependant insatisfait de ses études sur le bujutsu. Pour lui, c'est toujours le doute , il attend la réponse au problème que lui pose l'essence même de l'homme. Son trouble est accentué par la mort de son père qu'il n'a pu assister dans ses derniers moments et la perte, la même année, de deux de ses enfants. C'est le moment que le destin choisi pour placer sur sa route un homme lui aussi hors du commun, mais dans un tout autre genre: DEGUCHI Wanisaburo, de son vrai nom UEDA Kitasaburo.
Le Révérend DEGUCHI, comme l'appèlle ses fidèles, est le grand prêtre de l'OMOTOKYO; c'est un mage. L'OMOTOKYO fait partie de ces sectes qui virent le jour par douzaines dans la seconde moitié du XIXème siècle lors de la restauration mise en place sous l'Empereur MEIJI. Ces sectes, dites syncrétiques, ont greffé sur une base shinto des croyances relevant des principaux courants religieux: Hindouisme, Bouddhisme, Islam, Christiannisme. De ce fait, leurs doctrines sont extrêmement complexes, avec cependant un trait commun: la recherche du bonheur de l'humanité et de leurs membres en particulier.
A l'origine de l'OMOTOKYO se trouve une femme illettrée, DEGUCHI Nao (1836-
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Cette conception de l'Homme devait déboucher sur une unification politique du monde (...). L'OMOTOKYO donne trois règles à observer à ses adeptes:
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Par ailleurs, l'OMOTOKYO s'engagea dans un grand nombre de réalisations sociales pour les vieillards, les malades, les pauvres, les orphelins. Elle rechercha et appliqua avec succès de nouvelles méthodes pour améliorer le rendement de l'agriculture.
UESHIBA Morihei a vécu par épisodes au sein de cette communauté de 1919 à 1926. Il ne fait aucun doute que les idées développées par l'OMOTOKYO ont excité son humanisme et sa soif de recherche spirituelle. En 1925, l'expérience (satori) vécu dans le jardin du dôjô d'Ayabe, faisant suite à l'autre expérience mandchoue, marquera un tournant décisif dans la conception que le Maître se fera des Arts Martiaux:
" Le vrai Budô est d'accepter l'esprit de l'univers, garder la paix du monde, produire correctement, protéger et cultiver tous les êtres de la Nature."
Il semble que l'on puisse affirmer que c'est à cette date qu'est né, dans l'esprit du Maître, le concept d'Aïkidô. A partir de cet instant il cherchera une expression physique et technique à cette démarche d'Amour qui verra son plein épanouissement vingt ans plus tard, après la maturation engendrée par la retraite à Iwama durant les années de guerre.